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    La guerre, vous en parlez .... Ils en parlent .. 

    Anne qui compose et cisèle ses textes,

    relayée par le blog " Églantine - Lilas ", nous propose ce poème.

    Eglantine lilas

    C’est un vieil encrier, un objet en régule

    Surmonté d’un fier coq domptant, l’aigle nazi

    Reposant sur un socle orné de campanules,

    Et de deux petits vases, pour les encres, nanti.

     

    Il évoque ce temps où jeunes, ILS s’en allèrent

    Pour la grande aventure, la fleur au fusil.

    Espérant que cette guerre serait la dernière,

    Ils donnèrent leur vie, au nom de la patrie.

     

    Que d’écrits, de missives volant vers les tranchées !

    Quand l’encre, dans la nuit, des mots d’amour traçait,

    Dont le chant se mêlait au bruit de la mitraille.

     

    Encrier du vieux temps, tu nous dis des histoires,

    Tu es la résurgence et le gardien céleste

    Des secrets enfouis, au fond de nos mémoires.

     

    **********

    À la suite de la série " les combattantes ", une fiction, avec la première guerre mondiale en toile de fond, vous vous êtes exprimés, et avec des choses vraies, du VQ.

    À raison, vous vous êtes appropriés le sujet. La fiction, c'est une chose, mais vos souvenirs sont à forte valeur ajoutée.

    *********

    N'oubliez pas de lire Églantine 31 au bas de ce billet, qui a recueilli des témoignages. 

     

    *********

    Monica Breiz

    Monica-breiz

    ... j 'ai connu une DAME  qui n 'est plus , mais qui fut ambulancière  pendant cette ( grande guerre )   elle s' appelait Estelle 

    une des rares femmes qui à cette époque  conduisait , un véhicule .. nous à t elle dit .

    pprené

    PPRene

    mon père a t il eu l'occasion de les connaitre, car il a été blessé les premiers jours de la guerre en août 1914 à Sarrebourg, il était parti en 1912 faire son service, il est revenu en 1919, en bon état malgré plusieurs  blessures, sur les différents sites de bataille ! 

    à cette époque, ma grand mère maternelle a du reprendre la ferme mon grand père étant décédé, dur dur à la campagne sans les hommes, la pauvre elle n'a jamais su conduire ! mon père est effectivement parti à la guerre durant sept ans, il faisait son service et dans la foulée, la guerre a éclaté ! en 1918 on n'a pas démobilisé de suite , les poilus ont du continuer en occupation en Allemagne , je suppose qu'il a eu quelques permissions, en tout cas pendant son absence mes grands parents avaient liquidé la ferme, mon père s'est retrouvé sans  travail et a du se placer comme valet de ferme , sympa !! ils ont sans doute pensé qu'il ne reviendrait jamais !!

     

    je veux bien croire qu'il y avait certaines femmes  qui conduisaient une voiture en 1914, mais elles devaient être rares, car même en 1939, elles  étaient encore fort rares ! les gens qui avaient des voitures personnelles étaient eux même fort rares, avant 39/45, ce n'est plus le cas aujourd'hui, on pourrait presque le regretter, tellement nous sommes prisonniers de ce mode de transport ! 

    je me permets de t'envoyer la photo de mon père, elle date d’août 1914 il avait 22ans, il a été blessé peu de temps après à la bataille de Sarrebourg ... décoré sur le champ de bataille à Verdun de la Médaille Militaire, il avait droit  à la Légion d'honneur, lors qu'on l'a relancé pour qu'il fasse la demande, il n'a pas répondu et a dit seulement ; allez vous faire f....!! et il était poli !

     

    La guerre, vous en parlez ....

     

    Montreuil sur Mer, chartreuse de Neuville, des établissements transformés en hôpitaux  durant la  guerre, mon père a surement séjourné dans l'un d'eux, mais il n'a jamais été gravement blessé et jamais gazé ! il a été fait prisonnier en 1918 sur le front de la Somme à Ham, pris les armes a la main et  mis en représailles, finalement ils faisaient les corvées dans les lignes allemandes et étaient bien traités par les soldats allemands , à la fin de la  guerre les allemands étaient à l'agonie, ils en étaient à manger du phoque et des orties  en conserve, il a été entraîné par les troupes allemandes en débâcle, et a été libéré en Belgique ! pour être renvoyé aussitôt en occupation en Allemagne ! des choses peu connues, comme les tragédies des mutinés de Verdun, il a connu l’époque ou les soldats mutinés pendaient aux arbres les gendarmes qui les poussaient a monter au front, un général a même fait bombarder une tranchée française mutinée, par l’artillerie française, on n'en parle pas, dans les livres d'histoire ,certains généraux ont été appelés des bouchers par les soldats Nivelle notamment, 200.000 morts au Chemin des Dames est ce pensable ? mon père nous a relaté longtemps ses souvenirs, et il a arrêté en 1940, après avoir pleuré, quand il a vu l'armée allemande passer devant notre porte ! à quoi bon toutes ces souffrances ?

    jazzy

    Je n'ai pas été choquée par la conduite des femmes en 1914 , 

    La Grande Guerre est un tournant historique dans la diffusion du permis de conduire auprès des femmes. En France, comme aux États-Unis, des femmes, souvent issues des classes supérieures, note Virginia Scharff [1991], ont ainsi été sollicitées pour être mécaniciennes, conductrices d’ambulances, de tracteurs, d’autobus et de taxis.

    J'avais trouvé un site où était noté le nombre de permis de conduire attribués aux femmes à Paris et plus moyen de mettre la main dessus.

    Ajout récent

     J'avais fait un article où j'évoquais le parcours de mon grand père paternel originaire de l'Allier qui avait connu la bataille de Verdun et bien d'autres encore . J'ai encore sa carte de combattant ses photos en habit militaire , sa croix du combattant et en cherchant sur les registres matricules  aux archives départementales de l'Allier, j'ai retrouvé tout son parcours militaire pendant la guerre . Blessé à plusieurs reprises il était renvoyé sur le front jusqu'à ce qu'il soit touché par les attaques au gaz et inapte au combat.

    nanadela

    nananedela

    ceci dit, j'aime cette époque des combattantes où les gens n'avaient rien, et possédaient bien plus qu'aujourd'hui, ils avaient, l'humilité, le courage, l'amour, la valeur des choses,  la solidarité...les valeurs humaines...la liste serait longue pour dire tout ce que nous avons perdu !

     

    Parisianne

    Vos réponses aux mots, la sérendipité.

    Du côté de ma maman, mon arrière grand-mère a ouvert une auberge quand son mari boulanger a été envoyé au service puis au front. C’était en Normandie et je me suis toujours dit que je devrais creuser le sujet. Une femme chef d’entreprise a l’époque ce n’était pas si fréquent ! 

    Véronique S

    Vos réponses aux mots, la sérendipité.

    Quand le cinéma redonne vie à des scènes d'hier dans des décors feints ou réels , c'est un peu notre passé qui défile sous nos yeux. J'ai visité Cinecittà , je me suis promenée dans le décor de la Rome Antique et j'ai adoré !

     

    J'ai pensé aux combattantes, à ces femmes qui ont agi sur tous les fronts. Obligées de remplacer les hommes partis rejoindre les tranchées, elles gagneront aussi leur émancipation. Elles furent aussi les infirmières des gueules cassées, des infirmières admirables que l'Histoire n'a pas forcément retenues.

    La Grande Guerre, Mémé m'en parlait un peu mais j'étais jeune, elle répondait à mes questions avec pudeur . Sans doute, ne voulait-elle pas remuer toutes ces horreurs , à quoi bon devait-elle songer . Pépé à Verdun, les cauchemars, ses sanglots lorsque Pétain mis fin à la troisième République , son engagement dans la résistance , ce fut une autre guerre ... " 20 ans tant de morts " répétait-il ...

    Avec une cousine, nous sommes en train, autour d'une photo, de lui rendre hommage. Il nous faut regrouper les éléments, des noms pour que cette photo ne tombe pas dans l'oubli. Elle sera publiée dans la Voix du Nord mais avant, il faut que nous finissions notre devoir de mémoire. Mon grand-père est avec les membres du réseau Caron , Caron le nom de famille de mon arrière-grand-mère maternelle. Les membres de ce réseau étaient ses petits enfants. Je t'envoie les photos , mon grand-père en 1918 et en 1942 ou 1943.

    Petits bonheurs

    Peu de femmes savaient conduire à cette époque et même peu de gens avaient une voiture. La vie était très difficile.

     

    Annick Amiens

    AnnickAmiens

    C'est elles qui ont remplacé les hommes pendant les guerres. Mais on a mis très (trop) longtemps avant d'en parler et les remercier.
    Beaucoup ont été sacrifiées, sont mortes.

     Pas de cimetières commémoratifs pour les femmes ?

    Je n'ai connu aucun de mes grands parents, je ne sais pas grand chose d'eux, c'étaient des personnes très simples. Après cette guerre 14/18 horrible, beaucoup se sont suicidés, comme mon grand père maternelle, ils étaient tellement traumatisés.

    Les Arts à Vie

    Ma photo

     

    Ajout récent

    Ce fut dur pour tous. Mes grands-pères étaient eux aussi à Verdun. Ils n'ont jamais voulu raconter les horreurs vues. Mon grand-père maternel a lui aussi refusé la Légion d'Honneur, tout comme le père de PPRené.  De ses 3 fils, mon arrière-grand-mère en a vu rentrer 2. L'un n'est jamais revenu, le deuxième est décédé des suites de ses blessures et mon grand-père a pu fonder une belle famille.

     

    Beewell Anne marie

    beewell

    Mes grands pères ont fait cette guerre, j'ai des photos de mon grand père paternel posant très fier dans son uniforme mais c'était au début de la guerre, période dite "la fleur au fusil"... La suite fut très dure pour lui.

     Mon grand père paternel, tout fier et sûr de vite gagner la guerre en début de guerre... 

    La guerre, vous en parlez .... Ils en parlent ..

    Ce qui me frappe c'est que mes grands parents ont vécu cette période et hélas je n'ai pas eu l'idée de parler avec eux pour savoir comment ils avaient traversé cette mauvaise période. Je sais que mon grand père paternel aimait me montrer ses médailles, je sais qu'il a échappé à la mort de nombreuses fois mais c'est sûrement parce que ma grand mère priait pour lui sans relâche... je sais aussi que mes grands parents maternels ont perdu un bébé durant cette période... Et idem pour la guerre de 39 - 45... je sais très peu de choses sur ce que mes parents ont vécu... Mais finalement je ne parle pas non plus avec ma fille et mes petites filles des périodes de ma vie... Enfin c'est dans ma famille, peut-être que dans les autres familles au contraire on en parle beaucoup... Et il me semble aussi que c'est dans ces années là qu'il y a eu la grippe espagnole...

     

    Ci dessous une photo de ma grand mère en jolie robe, à cette époque les photos étaient transformées en carte postale et donc j'ai une carte postale et derrière il y a un texte écrit par la sœur de ma grand mère et disant : portrait de ma sœur "F", envoyé à son mari sur le front, le 4 février 1918, et sur le coin supérieur gauche il y a écrit au crayon de bois : retour de la ligne de front... 

    La guerre, vous en parlez .... Ils en parlent ..

    Je regrette tellement maintenant de ne pas avoir davantage interrogé mes grands parents... j'aurais pu car j'avais 18 ans quand ils sont morts tous les 4, chaque année, l'un suivant l'autre... Je me souviens quand j'étais toute petite, environ 8 ans, j'étais souvent chez mes grands parents maternels et souvent j'étais vilaine avec eux... et mon grand père me disait : tu regretteras d'avoir été vilaine quand nous serons morts... et moi je me disais : mais ils ne seront jamais morts... et pourtant... 

    suite : quand je vois la scène où on voit tous ces soldats blessés, cela me rappelle que mon grand père me racontait qu'il avait dû se sauver sous les bombes et que lui n'avait pas été touché, et je sais aussi que ma grand mère priait pour lui inlassablement... ceci peut expliquer cela... et j'ai retrouvé une photo de mon grand père, j'en avais déjà une de lui au début de la guerre vers 1914... tout bien portant, tout fier, et j'en ai une autre de 3 ans plus tard : tout maigre, vieilli de 30 ans et non de 3 et l'air triste... heureusement il s'est remis par la suite... mais les mauvais souvenirs l'ont marqué à vie.

    vraiment je regrette de n'avoir pas assez discuté avec mes grands parents de ce qu'ils ont ressenti durant cette guerre et je me demande aussi en fait pourquoi ils ne m'en ont pas parlé d'eux mêmes : peut-être la volonté d'oublier et de ne pas faire de peine aux petits enfants...

    Idem pour la guerre 39-45, mes parents tous jeunes l'ont vécue... je sais très peu de choses sur ce qu'ils ont vécu...

    Lacalobra

    lacalobra

    en 1918 y a des femmes qui conduisait, pas en france mais aux USA ou en angleterre j'ai vu des films ou les femmes conduisait dans les Années 1880 /1900 les femmes aisées souvent les infirmières certaines bonne sœurs dans les orphelinats .. 

     

    Nicole 81 occitanie

    je crois qu'en 14 il y avait des femmes qui conduisaient , sans permis bien sûr, mais pour de bonnes causes.

     

    Mamounet 85

    Je comprends pour le choix des véhicules à cette période mais surtout la femme qui a eu du mal à se faire entendre pour être reconnue, existante en tant qu'elle-même, elles en ont bavé à l'époque quand les maris partaient au front et ne revenaient pas. La ferme fallait qu'elle tourne oui ça ne devait pas être drôle, j'ai une forte pensée pour ces courageuses, en plus d'élever leurs chiards, tenir la maison...

     

    Shuki

    Vos réponses aux mots, la sérendipité.

    la guerre, toujours la guerre. Je t'avoue que je n'en peux plus de cette humanité toujours en guerre qui ne tire aucune leçon du passé ! 

    Jacqueline 

     Jacqueline

     

    Nouvel ajout.

    J'aurais pu moi aussi en parler mais j'ai du rater le rendez vous. Ma grand mère paternelle habitait dans un petit village près de La Fère , qui fut envahi dès le début de la guerre par les Allemands. La Fère était une ville de garnison.  L'occupation fut longue et très dure et les horreurs de la deuxième guerre mondiale ont fait oublier les sacrifices que cette population a du subir. C'est une période que vécut ma famille dont j'ai été rechercher les témoignages en me rendant sur place et en collectant tous les documents que j'ai trouvés. Voilà ma participation en retard.

    Eglantine 31

    C'est vrai que ce sujet fait beaucoup parler. J'ai eu la chance de rencontrer deux dames qui étaient enfants à cette époque là  et avec une j'ai pu parler du jour de l'armistice ce fameux 11 novembre à 11h et l'autre de l'arrivée du train à Mazamet chargé de blessés  en tout genre dans les cris  et les odeurs du sang  mais ça ferait un commentaire long comme le bras . Ces récits m'ont été fait lors des visites (VMEH) que nous faisions en maison de retraite  et en chambre dans les années 1995 . Je regrette beaucoup de ne pas les avoir interrogées davantage mais j'était jeunette (pas 45 ans) . Dommage !!!  

    Il y a longtemps que je me disais que je devais faire ce billet pour leur rendre hommage et cette série ( les combattantes ) m'y a poussé encore plus . J'ai regardé les 2 premiers épisodes mais je n'ai pas accroché  surement par ce qui m'avait été raconté ; j'ai aussi regardé le dernier (en revenant de sur une autre chaîne ) Ce capitaine sur son cheval blanc en train d'haranguer ses soldats ça , c'était plus que ressemblant  !

    Les confidences  avec ces dames sont venues spontanément , une question de confiance , on s'est vu toutes les semaines pendant plusieurs années ... Alice en frémissait encore rien que de le raconter , je pense qu'elle avait ces images sous les yeux encore dans les années 95 ! Mais très difficile de poser d'autres questions quand ces souvenirs sont encore tellement présents !

    Bien sur que tu peux copier ce que tu veux de sur mon billet , c'est du véridique  et ma mémoire n'oublie pas ces moments passés avec ces personnes. Je pense qu'il devait y avoir d'autres choses quelles  auraient pu nous confier afin de les transmettre. Dans quelques temps je parlerais d'autre chose que ces hommes revenus n'évoquaient jamais . J'ai l'exemple d'oncles de cousins que j'ai retrouvé sur les archives militaires ... 

    Le témoignage de PPRENE est très très émouvant .. Quand je vois ce qu'il reste aujourd'hui de ces sacrifices, ça me met en pétard !

     

    Bonjour , 

     "Les combattantes " ce feuilleton nous  raconte la guerre de 1914 *,  j'ai eu envie de vous faire connaitre les confidences de quelques pensionnaires de l'EPAD que je visitais quand j'étais bénévole  !

    Je sais que leur mémoire était restée intacte tellement encore leur émotion était forte en évoquant cette époque  . 

     

    Je voudrais juste vous parler  de ce qu'a connu  Alice au sujet de la guerre de 14; l'arrivée du premier train ramenant les blessés, vous narrer le jour de l'Armistice comme Simone l'a connu et vous parler aussi d'Odette qui a été "combattante"sans le savoir ...

    **********  

    Alice  avait environ 5 ou 6  ans au moment où on a annoncé l'arrivée des premiers blessés; les nouvelles n'allaient pas si vite comme aujourd'hui ...D'ailleurs on n'avait pas de nouvelles. Certains étaient déjà tombés  on savait juste  que des blessés allaient arriver pour rejoindre leur famille et d'autres hospitalisés  .

    Les autorités avaient  suggéré , avec insistance sans doute, de venir  jusqu'à la gare de Mazamet pour  accueillir les premiers blessés  les applaudir les féliciter les encourager .. Les parents d'Alice ont embarqué leur deux filles pour être là , eux aussi !

    Personne n'imaginait un spectacle aussi abominable  .

    Pour ce qui est du train inutile de dire que ce n'était pas du grand confort, c'était des trains sanitaires et au fur et à mesure on débarquait  sur des civières de grands blessés , des jeunes hommes qui criaient et étaient  couverts de sang , des "gueules cassés" des unijambistes , des pansements sales  entouraient  les bras , la tête de ces garçons , partout des pansements !!!!, certains visages étaient méconnaissables .

    "C'était une horreur dont vous n'avez pas idée, m'a t'elle dit, bien sûr on savait qu'ils se battaient mais revoir tous ces jeunes hommes dans un tel état, nos amis , nos voisins ,  et cette odeur de sang rien que d'y penser j'en frissonne encore . Ils étaient partis si enthousiastes " ..

    C'était déjà si dur pour elle rien que d'y repenser, alors je n'ai pas posé de questions supplémentaires .

    Il y avait aussi le fiancé de sa sœur,   " on se disait ,il est peut être blessé, on se disait il reviendra surement un jour,  il n'est jamais revenu .."

    D'autres trains ont continué de ramener des blessés mais Alice n'y est plus jamais revenue, la Maman ayant interdit formellement à son mari d'être accompagné par les enfants. Le Père a continué à y aller espérant le retour de ce fiancé de son aînée.  Alice m'a dit avoir fait des cauchemars pendant des années . 

    *************** 

     Simone m'a raconté  ce  fameux  jour de l'Armistice . 

    Simone était âgée d'une dizaine d'années et ce 11 novembre  et  comme tous les jours elle gardait les vaches dans la vallée de Mazamet . Il était  11 heures , quand tout à coup elle  a entendu toutes les cloches de tous les petits villages alentours se mettre à sonner en même temps .

    "Mais  rien a voir  avec le glas que nous avons entendu tant de fois" . 

    Très inquiète elle s'est précipité à la maison  mais sa Mère  ne savait pas ce qu'il se passait .

    "et ça a sonné longtemps..... "

    Les gens sortaient sur le pas de la porte et on a commencé à évoquer ce mot tant attendu: l'Armistice . 

    "Vous deviez être contents quand même ? "

     

     " Bien sûr , moi en temps que petite fille je savais que mon Père allait revenir mais ne croyez pas que les gens étaient joyeux . Il y avait eu tellement de morts , tellement de fois que "les messagers " (les gendarmes accompagnés du maire ) étaient venus annoncer ces terribles nouvelles chez les uns ou chez les autres de nos amis de nos voisins de nos parents ".

      

    " J'ai juste le souvenir que chacun s'est enfermé chez soi , sans faire de commentaires !!!.... "

     

    "et quand Ils sont revenus?" 

     

    - " Oh ; ils sont revenus bien plus tard , il ne faut pas penser que  le lendemain tout était rentré  dans l'ordre  .Ça a pris des semaines , des mois surtout s'ils étaient gravement blessés ! Certaines familles les croyait morts . Quand ils sont arrivés il y avait des gens qui ne pouvait supporter de voir le fils du voisin revenir mais pas le leur . 

      

    " Devant de telles injustices ces gens  pouvaient avoir des paroles très blessantes  à l'égard de ceux qui étaient rentrés."

     

    Ils se sont vite remis au travail des champs, même blessés . Ils ne pouvaient pas supporter de rester inactifs , il fallait qu'ils prouvent qu'ils valaient encore quelque chose! " .

     

    Ça peut expliquer pourquoi ces hommes refusaient de parler de ce qu'ils avaient vécu  , ils craignait aussi qu'on refuse de les croire , et tout le long de leur vie ils sont restés silencieux. Ils se sont dépêchés de reprendre leur place et ce , malgré les lourdes blessures de la plupart d'entre eux . Ils étaient regardé avec suspicion certains allant jusqu'à dire "qu'ils étaient planqués" ..

     

    Tout comme quand ils avaient 2 ou 3 jours de permission ; mais c'était très rare , dès le lendemain ils étaient attendus chez eux  pour aider dans les champs , les moissons les vendanges , aller faire du bois !

     

    Quand j'accompagnais ma grand mère sur la tombe de son frère qui est mort par accident au cours d'une courte permission elle me disait que dans son dos , les gens racontait  qu'il avait fait exprès de se tomber un arbre dessus pour ne pas revenir au front . !!

     

    En plus de ce sentiment d'injustice et de deuil , d'absence jamais comblé imaginez  cette ambiance très dure qui régnait dans les campagnes  et ailleurs sans aucun  doute .

     

    **********

    Odette a été "combattante" sans le savoir ... 

    Cette dame me parlait de la guerre de 39 , elle avait 12 ou 13 ans, souvent elle prenait son vélo car  ses parents lui demandaient d'aller amener du ravitaillement chez des gens de sa famille  ! 

    Elle était très contente d'y aller car , me disait elle , la cousine avait toujours des douceurs à m'offrir pour goûter ....

    En fait son vélo servait à cacher des informations concernant les occupants . On cachait les documents dans mon guidon !! 

    "J'étais d'une naïveté incroyable car si je m'étais faite arrêter je ne serais plus là et depuis longtemps pour vous en parler , mais j'inspirais confiance ; je faisais du vélo , c'est tout et puis j'allais amener des œufs à la cousine ...!!!

    J'ai su bien plus tard  le danger que j'avais frôlé   et cela m'a rendu très fière de l'avoir fait  !! "

     

    Voilà , je sentais qu'il fallait que je vous en parle ...  

    Merci de les avoir lu , elles vous l'aurait raconté elles -mêmes ... croyez moi , elles avaient du caractère..!

    Bertille jack 

    BertilleJack

     

    rajout récent 

     Des témoignages bouleversants qui me rappelle celui de mon grand père paternel ,qui lui, ne faisait que dire : " il faut en parler , il faut que l'on sache " quelques fois il avait encore les sanglots dans la gorge lorsqu'il racontait. Le 1er mari de ma grand mère, lui n'a pas eu la chance de revenir .....Nous avons encore les lettres qu'il adressait à ma grand mère. Tout ceci me bouleverse et dire que malgré toutes ces horreurs  les guerres existent encore aujourd'hui.

    *********

     Yann > Merci de vous être si généreusement exprimés.

    Vous avez évoqué des instants d'éternité.

    Et réunis ici, de nombreux témoignages.

    N'oublions jamais, ce travail de mémoire.

     

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    39 commentaires
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    Vous avez peut être vu ce clip à la télé.

    Voilà, une version gif animé du final de la vidéo.

    " Pour les fêtes restons prudents ".

     J'en profite aussi pour vous renouveler mes vœux les meilleurs pour les fêtes festivités réveillons à venir, dans pas longtemps, ça s'approche à grande vitesse.

     

    Et pour " continuons à prendre soin les uns des autres ", je vous poste à nouveau une photo de la visitation, Marie et Élisabeth prennent soin l'une de l'autre. Et avec cette illustration j'ai appris le mot de " lettrine ", ces lettres majuscules enluminées.

    Que Noël vous soit aussi enluminé!

    Pour Noël, restons prudents ...

    Finalement , cette scène n'est-elle pas le prototype de toute rencontre authentique ?

    Chacune ausculte la vie qui bat chez l'autre . Un message universel , prendre soin de l'autre, écouter la vie de l'autre pour mieux écouter la nôtre.  

     Petit à petit la forêt de sapins s'agrandit.

    Pour Noël, restons prudents ...

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